Essai sur l’Iran

(cet article n’engage que la pensée de l’auteur au moment où il l’a écrit et non des institutions – 11/2012)

 

Intro

 N’étant pas historiographe, j’ai besoin de simplifier l’histoire de l’Iran pour avoir l’impression d’en comprendre qu’un chouia !

 Depuis plus de deux millénaires, l’Iran connaît des conquêtes qui vont lui permettre d’acquérir une identité pluriculturelle allant de la poésie persane aux films de Réza Allamehzadeh ou Mohsen Makhmalbaf. Cette grande culture persanophone lui vient à la fois du religieux d’avant même Zoroastre et de la Grèce antique.

 Ce brassage ethnique et culturel de la région, ne peut qu’apporter un amour, un respect des autres et développer un apprentissage qui attire vers une compréhension unifiée de la nature humaine.

 Malheureusement aujourd’hui l’Iran n’arrive toujours pas s’unifier dans un fonctionnement d’état nation et d’unité religieuse.

 C’est au 19esiècle dans un pays qui se tourne vers l’Europe qu’émerge le babisme (dont le messager est le Báb). Contrairement à toutes les tentatives d’écrasement son triomphe ouvrira le chemin au messager Bahá’u’lláh qui sera enchaîné, dans un cachot ignoble puis exiler, son message d’“ unité dans la diversité ” devait et doit toujours être trop insupportable pour ses dirigeants actuels.

        Le Báb a laissé la porte ouverte à une prise de conscience international que l’on retrouve aujourd’hui partout dans le monde sous la forme de Foi internationale baháíe.

        Bravos à ce peuple qui, malgré les oppressions toujours actuelles a su diffuser dans le monde entier un message universel d’amour et d’unité du genre humain.

 

 

Nasiri'd-Din Shah :

(Lettre à Nasiri'd-Din Shah)

 

        “ Ô souverain ! Je n’étais qu’un homme comme tant d’autres, endormi sur ma couche, lorsque les brises du Très-Glorieux passèrent sur moi et m’enseignèrent la science de tout ce qui fut.

Cela ne vient pas de moi mais de Celui qui est tout-puissant et omniscient. Il m’ordonna d’élever la voix entre terre et cieux et, pour cela, il m’est advenu ce qui a fait couler les larmes de tout homme de discernement.

        Je n’ai pas étudié les sciences couramment répandues ici-bas et n’ai fréquenté aucune école. Renseigne-toi dans la ville où j’habitais pour t’assurer que je ne mens pas.

        Je ne suis qu’une feuille que remue le souffle de la volonté de ton Seigneur. Peut-elle rester immobile lorsque se déchaîne la tempête ? Non, par le Seigneur des Noms et Attributs ! Le vent la déplace à son gré.

        L’éphémère n’est rien à l’égard de Celui qui est l’Éternel. Son commandement irrésistible me parvint et me fit célébrer sa louange parmi les peuples.

        En vérité j’étais comme mort quand cet ordre me fut donné. La main de la volonté de ton Seigneur, le Compatissant, le Miséricordieux, me transforma.

        Quelqu’un pourrait-il, de lui-même, dire ce que les hommes de toutes conditions contesteront ? Certes non – par Celui qui dévoila les mystères éternels à la Plume divine – sinon celui qui est fortifié par la grâce de Dieu, le Tout-Puissant, l’Omnipotent.

        La Plume du Très-Haut, s’adressant à moi, me dit : Ne crains rien. Raconte à Sa Majesté le Shah ce qui t’est arrivé. Son cœur est dans les mains de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde; peut-être alors, le soleil de justice et de générosité l’illuminera-t-il. Tel fut le décret irrévocable fixé par Celui qui est le Très-Sage.

        Ô Roi ! Considère cet Adolescent avec les yeux de la justice, et juge impartialement ce qui lui est advenu.

        Il est certain que, par sa volonté, Dieu a fait de toi son ombre parmi les hommes, et le signe de sa puissance pour tous ceux qui vivent sur la terre.

        Sois juge entre nous et ceux qui nous ont opprimé sans preuve et sans Livre véridique.

        Ceux qui t’entourent t’aiment dans leur propre intérêt, alors que cet Adolescent t’aime pour toi-même et n’a d’autre désir que de t’attirer vers le siège de la grâce et de t’amener du côté de la justice. Ton Seigneur est témoin de mes paroles.

        Ô Roi, si tu tendais l’oreille au crissement de la Plume de Gloire et au roucoulement de la Colombe d’Éternité qui – sur les branches de l’Arbre Sacré au-delà duquel il n’est pas de passage – chante les louanges de Dieu, l’Auteur de tous les noms, le Créateur de la terre et du ciel, tu atteindrais une condition où tu ne verrais, dans le monde créé, que la splendeur de l’Adoré ; alors ta souveraineté t’apparaîtrait comme le plus méprisable de tes biens ; tu l’abandonnerais à celui qui la désire et tu te tournerais vers un horizon embrasé par la lumière de sa Présence.

        Tu ne voudrais plus jamais supporter le fardeau de l’empire, si ce n’est pour soutenir ton Seigneur, le Très-Élevé, le Sublime. Alors l'Assemblée suprême te bénirait.

Oh, combien merveilleuse serait cette sublime condition, si tu pouvais l’atteindre par la puissance d’une souveraineté que tu reconnaîtrais comme provenant du Nom de Dieu.

        Ô Roi de notre temps ! Les yeux de ces exilés sont tournés vers le Très-Miséricordieux et fixés sur sa clémence. Il ne fait pas de doute que ces épreuves seront suivies d’une effusion de grâce infinie et qu’à ces terribles afflictions succédera une surabondante prospérité.

        Nous voudrions espérer pourtant que Sa Majesté le Shah, lui-même, examinera ces questions et apportera l’espoir au cœur de ces exilés.

        Tout ce que Nous avons soumis à ta Majesté est réellement pour ton plus grand bien. Et Dieu m’en est un témoin suffisant…

        Si seulement tu m’autorisais, ô Shah, à t’adresser ce qui pourrait ravir les yeux, rassurer les âmes, et convaincre toute personne équitable qu’il est celui qui possède la science du Livre…

        Sans les dénégations des insensés et la complicité des prêtres, j’aurais prononcé des paroles qui auraient fait tressaillir les âmes et les auraient menées vers un royaume où l’on entend ces mots, dans le murmure du vent : “ Il n’y a pas d’autre Dieu que Lui !… ”

        J’ai subi, ô Shah, dans le chemin de Dieu, ce que nul œil n’a vu et nulle oreille entendu… Que de souffrances se sont abattues sur moi, et bientôt, m’atteindront encore !

        Je m’avance, le visage tourné vers Celui qui est l’Omnipotent, le Très-Généreux, tandis que, derrière moi rampe le serpent.

        Mes yeux ont versé tant de larmes que ma couche en est imprégnée. Mais ce n’est pas sur moi que je m’attriste. Par Dieu ! Ma tête désire ardemment la lance pour l’amour de son Dieu. Je ne suis jamais passé près d’un arbre sans que mon cœur ne lui dise : “ Oh, puisses-tu être abattu en mon Nom pour que mon corps soit crucifié sur toi, dans le chemin de ton Seigneur ! ”…

        Par Dieu ! Dusse la fatigue m’abattre, la faim m’épuiser, la roche nue me servir de lit, et les bêtes sauvages être mes compagnons, je ne me plaindrai pas; je le supporterai patiemment comme d’autres, par le pouvoir de Dieu, l’Éternel Souverain, le Créateur des nations, l’ont supporté patiemment, avec constance et fermeté; et, en toutes circonstances, je rendrai grâce à Dieu.

        Nous prions pour que la bonté de Dieu, loué soit-Il, délivre les hommes des chaînes et des fers, et leur permette de se tourner, avec sincérité, vers le visage de Celui qui est le Puissant, le Généreux.

        Il est toujours prêt à répondre à quiconque L’invoque et Il est près de celui qui communie avec Lui. ”

Bahá’u’lláh

 

Des notes sur l’Iran :

 

 Depuis 1975 l’Iran préoccupe les occidentaux que nous sommes. Que pouvons-nous dire de ce pays héritier de la grande Perse ? Quelle est son histoire ? Un survol rapide depuis l’antiquité nous permettra peut-être de le mieux comprendre.1

 ÉLAM renommé par la suite Perse/Fars. (La langue majoritaire actuelle iranienne est le farsi).

        Des hypothèses sur l’origine du mot Iran qui viendrait de la transformation d’Aryen → /Arya en Iran

 Le zoroastrisme est une religion dont Zoroastre est le prophète (qui a réformé le Mazdéisme de Ahura Mazdâ et qui aurai vécu aurait vécu entre -1000 et -400). Deux principes le Spenta Mainyu (l’Esprit Saint ou le bon choix) et Ahra Mainyu (le mauvais choix).

        Des personnages ont marqué l’histoire de ce pays extraordinaire comme :Cyrus II (-559/-529), dit Cyrus le Grand et Darius 1er (-550/-486), dit Darius le Grand.

 Alexandre le Grand (-356/-323) ou Alexandre III de Macédoine. Il était élève d’Aristote.

 Il va en -330 conquérir la perse et tenter une fusion des cultures grecque et orientale, période hellénistique.(qui se rattache aux grecques, hellénisme).

        Shapur 1er (240/272) prit un intérêt pour le manichéisme (Mani) aux prétentions universelles (susceptible d’unir Orient et Occident, ce que le christianisme et le zoroastrisme n’étaient pas, selon lui, parvenus à réaliser).

        L’Iran reste attaché a ses origines et puise à la fois sa culture religieuse au travers du mazdéisme et du zoroastrisme et dans celle de la philosophie grecque.

        L’époque des Sassanides (224/651 fondateur Sassan) prendra fin avec l’Islam (Muḥammad – 570/632).

        Islam est composé de 3 sectes principales : sunnisme (courant religieux majoritaire, apparenté à une vision orthodoxe de l’islam), chiisme (10 à 15 % des musulmans)

        En Iran, le chiisme représente environ 85 % de la population. Il est composé d’un clergé : Mollah (érudit musulman) ; Ayatollah (titre le plus élevé décerné à un membre du clergé).

        Les chiites considèrent Ali (cousin du prophète qui a été sous la protection de Muḥammad) comme le 1er imam (pour les chiites guide spirituel et temporel de la communauté, appelé aussi Ayatollah, il est également le 4e calife, pour les sunnites imam : personne qui dirige la prière en commun)

 Quelques dynasties de l’iran :

Les Safavides (dynastie 1501 1736) qui connut l’apogée de la perse, les Qajars (dynastie 1786-1925) dont l’un des chefs fut Nassereddin Shah (1848-1896).

        Réza Khan d’abord chef des armées, deviendra le Shah d’Iran (1925-1941), il va entraîner une modernisation du pays. Il s’est auto proclamé de la dynastie Pahlévi

        Mohammad Reza le dernier Shah d’Iran (1941-1979) met en exil Rouhollah Khomeini en 1963, il sera renversé en 1979.

 L’état iranien met le régime avant le pouvoir ce qui entraîne les problèmes de cohabitation du politique et du religieux.

 “ The Green Wave (vague verte) : violente répression des manifestations de l’été 2009 après l’élection controversée de Mahmoud Ahmadinejad, rappelonsqu’a l’origine la couleur verte est celle de l’islam. 8 morts plus de 1000 arrestations (ou plus ? Viols d’hommes et de femmes par des hommes extrêmement religieux2).

        Événement qui a inspiré le printemps arabe

        Ahmad Salamatian : l’opinion publique occidental doit se rende compte qu’une grande partie de son destin se joue dans cette partie du monde (Iran…). La démocratie est un élément géopolitique de première importance. En solution encourager un dialogue sur les droits de l’homme.3

 Mohammad-Reza Djalili : On se demande en Europe pourquoi les Iraniens font des bons films ; la vie artistique, la littérature (sans oublier la poésie persane), existe depuis plusieurs siècles. Les Iraniens veulent amener un changement par la non violence, car la réponse du pouvoir pourrait être bien plus violent. Alliance entre Téhéran et Damas (Syrie) maintient l’état actuel. Le pétrole alimente le pouvoir.4

        Diaspora iranienne (bracelet vert) est très unis avec les Iraniens au pays.5

1- Conférence de Julien Molard historien et philosophe tourangeau, conférence initié pour senegalite : le mardi 6 novembre 2012 à 18h30, salle 120 des Halles de TOURS.

2- La grande déprime ARTE – documentaire diffusé le 1 mars 2011.

3- Chat d’Iran ARTE – documentaire diffusé le 16 juin 2011.

4- Chat d’Iran ARTE – documentaire diffusé le 16 juin 2011.

5- Chat d’Iran ARTE – documentaire diffusé le 16 juin 2011.