Discours donné par ‛Abdu’l-bahá au siège théosophique

(le samedi 30 septembre 1911 à Londres (extrait))

 

 

« Ô Assemblée digne de respect ! Ô amis de la vérité !

La nature inhérente du feu est de brûler, la nature inhérente de l’électricité est de donner la lumière, la nature inhérente du soleil est de briller, et la nature inhérente de la terre organique est le pouvoir de croissance.

Il est impossible de dissocier une chose et ses qualités inhérentes.

C’est la nature inhérente des choses de cette terre de changer ; ainsi voyons-nous autour de nous le changement des saisons. Chaque printemps est suivi d’un été et chaque automne apporte un hiver, chaque jour une nuit et chaque soir un matin. Il existe une séquence en toutes choses.

Ainsi quand la haine et l’animosité, le combat, le massacre, et une grande froideur de cœur gouvernaient le monde, et que l’obscurité avait enveloppé les nations, Bahá’u’llah, telle une étoile brillante, s’éleva à l’horizon de la Perse et brilla de sa grande lumière de direction, donnant un rayonnement céleste et établissant un nouvel enseignement.

Il énonça les principales vertus humaines. Il manifesta les pouvoirs spirituels, et mit ceux-ci en pratique dans le monde qui L’entourait.

Premièrement, Il mit l’accent sur la recherche de la vérité. C’est très important, parce que les hommes sont trop facilement menés par la tradition. C’est à cause de cela qu’il y a souvent des antagonismes et des disputes parmi eux.

Mais l’apparition de la vérité perce à travers l’obscurité et devient la cause de l’unicité de la foi et de la croyance : car la vérité ne peut être double ! Cela n’est pas possible.

Deuxièmement, Bahá’u’llah enseigna l’unicité de l’humanité ; cela revient à dire que tous les enfants des hommes sont sous la miséricorde de ce grand Dieu. Ils sont les enfants d’un seul Dieu ; ils sont éduqués par Dieu. Il a placé la couronne de l'humanité sur la tête de chacun des serviteurs de Dieu. C’est pourquoi toutes les nations et tous les peuples doivent se considérer comme frères. Ils sont tous les descendants d’Adam. Ils sont les branches, les feuilles, les fleurs et les fruits d’un seul arbre. Ils sont les perles d’un seul coquillage. Mais les enfants des hommes sont en manque d’éducation et de civilisation, et ils ont besoin d’être polis jusqu’à ce qu’ils deviennent éclatants et brillants.

L’homme et la femme devraient être tous deux également éduqués et également considérés.

Ce sont les préjugés raciaux, nationalistes, religieux et les préjugés de classe qui ont été la cause de la destruction de l’humanité.

Troisièmement, Bahá’u’llah enseigna que la religion est le fondement principal de
l’amour et de l’unité, et la cause de l’unicité. Si une religion devient cause de haine et de désaccord, il vaudrait mieux qu’elle n’existât point. Vivre sans une telle religion est préférable.

Quatrièmement, la religion et la science sont entrelacées et ne peuvent pas être séparées. Ce sont les deux ailes avec lesquelles l’humanité doit voler. Une seule aile n’est pas suffisante. Toute religion qui ne se sent pas concernée par la science est une simple tradition, et cela n’est pas l’essentiel. C’est pourquoi la science, l’éducation et la civilisation sont une nécessité impérieuse pour une vie religieuse pleine.

Cinquièmement, la réalité des religions divines est une, car la réalité est une et ne peut être double. Tous les Prophètes sont unis et constants dans leur message. Ils sont comme le soleil : de saisons en saisons ils s’élèvent de différents points de l’horizon. C’est pourquoi chaque Prophète dans le passé a annoncé la bonne nouvelle de Celui qui viendra, et chaque nouveau Prophète a accepté ceux du passé.

Sixièmement, l’égalité et la fraternité doivent être établies parmi tous les membres de l’humanité, cela est conforme à la justice. Les droits généraux de l’humanité doivent être garantis et préservés.

Tous les hommes doivent être également traités. Ceci est inhérent à la nature même de l’humanité.

Septièmement, les dispositions prises quant aux conditions de vie du peuple doivent être telles que la pauvreté disparaisse, et que chacun autant que possible, et en fonction de sa position et de son rang, bénéficie d’un certain confort. A l’instar des nobles et des autres personnes de haut rang qui vivent dans l’aisance, les pauvres aussi devraient pouvoir recevoir leur nourriture quotidienne et ne pas être réduits à souffrir de la faim.

Huitièmement, Bahá’u’llah annonça la venue de la Plus Grande Paix. Toutes les nations et tous les peuples se rassembleront à l’ombre de la tente de la Grande Paix et de la Grande Harmonie ; ce qui revient à dire qu’un grand Conseil d’Arbitrage sera établi lors d’une élection générale afin de régler tous les différends et toutes les querelles entre les puissances, pour que les conflits ne finissent pas en guerre.

Neuvièmement, Bahá’u’llah enseigna que les cœurs doivent recevoir la bonté du Saint-Esprit afin que la civilisation spirituelle soit établie. Car la civilisation matérielle ne peut satisfaire les besoins de l’humanité et ne peut être la source de son bonheur. La civilisation matérielle est comme le corps et la civilisation spirituelle comme l’âme. Le corps ne peut vivre sans l’âme.

Cela est un bref résumé des enseignements de Bahá’u’llah. Pour les énoncer, Bahá’u’llah endura maintes peines et difficultés. Il fut constamment emprisonné et endura une grande persécution. Mais dans la forteresse (de 'Akka ), Il édifia un palais spirituel, et de l’obscurité de Sa prison Il fit rayonner une grande lumière sur le monde.

C’est l’ardent désir des bahá’ís de mettre en pratique ces enseignements et ils s’efforceront de tout leur cœur et de toute leur âme de consacrer leur vie à cet idéal, jusqu’à ce que la lumière céleste éclaire le monde entier.

Je suis très heureux d’avoir pu parler avec vous lors de cette rencontre et j’espère que ma profonde conviction vous est acceptable.

Je prie pour vous afin que vous puissiez réussir dans vos aspirations et que les bontés du Royaume puissent vous combler. »